Quelles limites au tourisme de masse ?

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L’industrie du tourisme est la première au monde. Elle permet la création de richesses et d’emplois partout à travers la planète. La démocratisation des voyages et les offres de prix toujours plus basses encouragent de plus en plus de personnes à voyager. Le nombre de touristes internationaux est passé de 20 millions en 1950 à 1,5 milliard aujourd’hui. Les loisirs et les voyages prennent désormais une place prépondérante dans la vie de chacun. Cependant, ne faut-il pas s’inquiéter des conséquences de la croissance exponentielle du tourisme ? Voyons ensemble quelles sont les répercussions du tourisme de masse sur l’environnement et sur les populations.

Le tourisme de masse et les effets sur l’environnement

Greenwashing, avion-bashing :  qu’est-ce que c’est ?

Le secteur du tourisme n’échappe pas à la mouvance écologique de ces dernières années. Il voit même apparaître de nouvelles expressions telles que “greenwashing” ou “avion-bashing”. La première fait référence à l’image écoresponsable que les entreprises du secteur souhaitent mettre en avant. La deuxième montre du doigt le secteur du transport aérien désigné comme l’un des principaux responsables du réchauffement climatique. Ces expressions ne sont pas apparues par hasard, malheureusement.

Le Machu Picchu menacé 

À l’heure où l’écologie est au centre des préoccupations, comment ne pas faire le lien entre l’activité touristique et la menace qui pèse sur des sites comme le Machu Picchu ? Avec l’affluence déraisonnée de touristes qui visitent quotidiennement la célèbre cité inca, l’Unesco risque de la classer comme “patrimoine mondial en péril”. En effet, pour satisfaire la demande grandissante, l’état péruvien prévoit la construction d’un nouvel aéroport à proximité. Ce dernier contribuerait d’autant plus à la détérioration du site. Si le classement de l’Unesco se confirme, le Machu Picchu viendra allonger la liste des 53 biens en péril déjà inscrits. Il constituera ainsi officiellement une nouvelle victime du tourisme de masse.

La pollution sur le Mont-Blanc et l’Everest

Prenons maintenant l’exemple de sites naturels emblématiques tels que le Mont-Blanc ou l’Everest. À force de privilégier les gains économiques, les autorités n’ont fait qu’entretenir la surfréquentation touristique plutôt que de la réglementer. Résultat : la montagne déverse quotidiennement des torrents de déchets. Il est vrai que lorsqu’un territoire possède une richesse naturelle exceptionnelle, il est compliqué de ne pas en profiter pour contribuer à son développement économique. Cependant, il faut raison garder : l’attraction touristique de cette richesse représente nécessairement une menace si la fréquentation n’est pas régulée. Lieux de passages et de piétinements quotidiens, certains sites d’une beauté rare souffrent d’érosion précoce et leur biodiversité n’a pas le temps de se renouveler.

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Les animaux mis en danger par le tourisme de masse

Certains reportages concernant la menace du surtourisme sur les animaux font froid dans le dos. Celui du journaliste Martin Weill en est le parfait exemple. Il fait sauter aux yeux de tous la condition désastreuse des animaux dressés pour le plaisir des touristes. Dans de nombreux pays à travers le monde, les visiteurs sont friands des parcs animaliers. Il peut effectivement être intéressant d’approcher les espèces animales locales. Mais c’est sans savoir comment ces animaux sont élevés au quotidien. Les touristes ne voient pas nécessairement l’envers du décor. S’ils connaissaient les techniques de dressage et de soumission subis pas les animaux, ils ne les cautionneraient probablement pas. Se divertir oui, mais pas à n’importe quel prix !

Le tourisme de masse et les effets sur les populations

Les nuisances sur la qualité de vie des locaux

Perçu à la base comme une opportunité économique et sociale, l’attrait touristique d’une région peut vite nuire à la qualité de vie de sa population locale. Vivre dans une ville ou un village au patrimoine architectural riche est très agréable. Mais quand vient la saison touristique, le quotidien peut vite devenir invivable. Transports en commun surchargés, plages bondées, nuisances sonores, etc. : ces inconvénients deviennent le lot commun des habitants. La cohabitation entre locaux et touristes devient peu à peu plus compliquée. Se développe ainsi un rejet du tourisme de masse.

Disparition du petit commerce local

La manne financière que représente l’industrie touristique est incontestable. Au fur et à mesure du développement du tourisme, des quartiers ou des villes ont vu disparaître les commerces de proximité. À la place se sont installés des boutiques de souvenirs, des bars ou des hôtels. Aucun commerce qui permette aux locaux de vivre au quotidien sans sortir de leur quartier. Comment justifier que l’on prenne plus soin des touristes de passage que des habitants à l’année qui ont choisi leur lieu de vie ? Il s’agit d’une limite supplémentaire du tourisme de masse : privilégier l’économie à la qualité de vie.

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La hausse des prix de l’immobilier

En plus de devoir subir au quotidien cette dégradation de leur qualité de vie, certains habitants n’ont plus le choix que de déménager. En effet, les structures d’hébergement touristique se développent désormais sous diverses formes. Pour un propriétaire, il devient de plus en plus intéressant financièrement de louer son bien à des touristes de passage plutôt qu’à des habitants à l’année. Ainsi, les prix des biens immobiliers à l’achat ou à la location ne cessent d’augmenter. Certains quartiers de ville comme Barcelone ou Venise se vident ainsi de leurs habitants et de leur âme.

Le surtourisme et les dérives vers le tourisme sexuel

Une forme de tourisme extrêmement taboue se développe dans l’ombre. Les possibilités de déplacement à travers le monde augmentent d’année en année et contribuent ainsi au développement du tourisme sexuel. Avec l’essor du tourisme de masse, les jeunes des populations pauvres de Thaïlande et des pays du Sud sont particulièrement visés. La clientèle évolue au fil des années avec les nouvelles possibilités qu’offre la démocratisation des voyages. Malheureusement, ce phénomène n’est pas près de s’enrayer. 

Cette liste des limites du tourisme de masse n’est pas exhaustive. À l’heure de l’instantanéité, elle permet d’alerter sur cette course à vouloir toujours plus tout de suite. Elle met également en lumière les comportements égoïstes que nous avons tous eu à un moment donné au cours de nos voyages. Alors pourquoi ne pas essayer de changer notre manière de voyager en profitant de choses plus simples ? Partir moins loin et limiter ses déplacements sur place représentent déjà un premier pas. Prendre le temps, privilégier les rencontres, consommer local, s’imprégner de la nature…. C’est tout l’art d’une nouvelle forme de tourisme qui fait le contre-pied au tourisme de masse : le slowtourisme. Inspiré des mouvements de slow life, le slowtourisme est synonyme de sérénité et de ressourcement. Pensez-y pour vos prochaines vacances !

Article de Magali de Mag’Redac web – Rédactrice web